Les figures des ducs de Bourgogne


Les ducs de Bourgogne utilisèrent de nombreuses figures représentatives, comme tout le monde au Moyen-Âge d'ailleurs. Ces symboles sont intéressants dans une étude monétaire des ducs de Bourgogne, car l'adoption de ceux-ci à une répercussion directe sur la monnaie, le graveur en faisant usage.

 

Ici vous pourrez trouver un inventaire avec une explication historique de ces symboles, mais aussi de son passage à la postérité.

La croix de saint André, dite de Bourgogne

Grâce aux films Les Visiteurs, vous savez tous que le cri de guerre des chevaliers français était "Montjoye! Saint Denis!". Maintenant, vous saurez que les ducs de Bourgogne adoptèrent le cri de ... "Montjoye! Saint André!".

 

Le duc de Bourgogne Jean sans Peur (je vous invite à vous rendre sur la partie de présentation des ducs de Bourgogne pour le découvrir) utilisera la croix de saint André rouge avec des branches écotées sur un fond blanc comme étendard.

 

Saint André, dont l'Église Catholique nous dit qu'il fût crucifié sur une croix en X, est choisi comme le saint Patron de l'État bourguignon ainsi que l'ordre de la Toison d'Or et des ducs de Bourgogne.

 

On retrouve la croix de saint André sur des monnaies bourguignonnes, mais l'on retrouve aussi sur certaines monnaies une gravure de saint André.

 

Lors de la division des possessions bourguignonnes entre la France et les Habsbourg, ces derniers récupèrent le symbole de la croix de saint André et l'utilisèrent également. Plus tard, on retrouve ce symbole avec Léon Degrelle qui l'utilise pour les divisions belges de SS.

 

On remarquera ici que ce sont des monnaies de grandes valeurs qui utilisent la croix de saint André, en or. Les monnaies ci-dessous sont de Flandre, la légende apparait en cliquant sur l'image.

Le rabot de Jean sans Peur

Le deuxième duc de la maison Valois se choisit comme symbole le rabot. Il décide de choisir le rabot pour lutter symboliquement contre son grand rival Louis d'Orléans (encore une fois, je vous invite à lire la notice sur Jean sans Peur) qui avait pour symbole un bâton noueux et pour devise : "Je l'ennuie" (dans un sens guerrier). Jean sans Peur choisit donc le rabot, un outil servant à aplanir le bois, dans la symbolique, servant à "aplanir" Louis d'Orléans avec la devise : "Ik houd", "Je le tiens" en flamand.

 

Jean sans Peur va donc user de cette symbolique du rabot partout. L'image ci-contre est une photographie d'un vitrail de la tour Jean sans Peur de Paris, résidence du duc. Ce rabot est présent partout, des vitraux aux tympans gothiques en passant par la tapisserie ... des latrines.

 

Cette représentation du rabot se retrouve aussi sur les vêtements du duc et sur des jetons du début du XVe siècle.

 

Les rabots de Jean sans Peur sont souvent accompagnés d'autre de ses symboles comme les branches de houblon, le chêne, hérité de son père, les brebis et l'aubépine, hérités de sa mère.

Le briquet de Bourgogne

S'il existe une iconographie connue des ducs de Bourgogne, c'est bel et bien celle du briquet.

 

Le briquet de Bourgogne est adopté par Philippe le Bon comme emblème personnel, au même titre que le rabot de Jean sans Peur. Le briquet de Bourgogne est souvent accompagné de la devise : "Aultre Naray" ("Autre n'aurai").

 

Le briquet et sa devise font leur apparition au moment de la guerre entre Armagnacs et Bourguignons (cf. la notice biographique de Philippe le Bon). Pour certains auteurs médiévaux et pour certains historiens, le briquet serait un renvoie à Louis d'Orléans et son bâton noueux, le briquet étant souvent accompagné d'étincelles et de la croix de Bourgogne, que certains voient comme l'assemblage de deux bâtons noueux en feu.

 

Il pourrait aussi symboliser la passion et la fidélité (certes partielle) de Philippe le Bon à sa femme. Le briquet et le feu qu'il produit sont associés à la passion, d'autant plus avec la devise "Aultre Naray, tant que je vive", la seconde partie de la devise étant vue comme la réponse de la duchesse de Bourgogne à son époux.

 

Le briquet est associé à d'autres symboles. Outre les étincelles, on retrouve les branches de houblon de son père, les lettres EE liées par un lac (la symbolique est encore inconnue, mais elle semblerait signifier Eques Ecclesiae, chevalier de l'Église, en rapport avec la prise de Constantinople par les croisés), la croix de saint André et la Toison d'Or.

 

Pour des illustrations du briquet en numismatique, je vous renvoie sur ma monnaie de Marie de Bourgogne ainsi que celle de Charles le Téméraire.

La Toison d'Or

Bien que soit représenté ici le collier le l'ordre de la Toison d'Or, créé par le duc Philippe le Bon en 1430, la devise de la Toison en reste pas moins identique.

 

Cette devise est directement issue de la mythologie grecque, de la Toison d'Or volée par Jason et les Argonautes.

 

L'ordre est créé dans un but à la fois d'exaltation de la chevalerie et de son idéal, mais aussi dans un but de prestige, afin que les princes s'apparentent à la maison de Bourgogne par l'appartenance à l'ordre.

 

L'image de la Toison d'Or (peau de bélier doré pendue par le milieu) est dès sa création très utilisé, étant une image de prestige européen.

 

La Toison d'Or est utilisée, bien sûr, par les ducs de Bourgogne, mais aussi, par la suite de l'héritage de Charles le Téméraire et surtout de Charles Quint, par les souverains espagnols et autrichiens.

 

Je ne peux que vous inviter à observer ma monnaie de Philippe le Beau, appelée une Toison d'Argent. Les monnaies ci-dessous sont de Flandres et présente la représentation de la Toison d'Or. Cliquez pour voir la légende.